La psychothérapie est une activité professionnelle définie par la loi 21 en 2012 comme « un traitement psychologique pour un trouble mental, pour des perturbations comportementales ou pour tout autre problème entraînant une souffrance ou une détresse psychologique qui a pour but de favoriser chez le client des changements significatifs dans son fonctionnement cognitif, émotionnel ou comportemental, dans son système interpersonnel, dans sa personnalité ou dans son état de santé ».
La psychothérapie est une activité réservée, c’est-à-dire que seuls certains professionnels peuvent la pratiquer : les psychologues, les médecins et tous les professionnels ayant obtenu le titre de « psychothérapeute », mais seulement pour certains ordres professionnels (p. ex., psychoéducateur, travailleur social ou infirmier). Le fait de réserver cet acte est un gage de sécurité pour le public, car seuls les professionnels qui ont la formation et l’expérience nécessaire peuvent obtenir le droit de la pratiquer.
Quels sont les 3 critères balisant la psychothérapie selon la loi 21 ?
- Sa nature : c’est un traitement psychologique qui cible ce qui organise et régule le fonctionnement psychologique et mental de la personne. Le traitement va donc « au-delà d’une aide visant à faire face aux difficultés courantes ou d’un rapport de conseils ou de soutien » ;
- Son objet : Le psychothérapeute doit utiliser des modèles théoriques approuvés pour ce traitement psychologique : la psychodynamique, la théorie systémique (et de communication) et la théorie humaniste et la théorie cognitivo-comportementale ;
- Ses objectifs : La psychothérapie a pour fin de créer des changements significatifs pour vous-même, au niveau de vos pensées, de vos émotions, de vos comportements, dans vos liens avec les autres, dans votre personnalité ou dans votre état de santé.
Voici les 4 approches en psychothérapie
En fonction du ou des modèles théoriques utilisés par le psychologue (ou psychothérapeute), la psychothérapie va mettre l’accent sur différentes dimensions. Chacun de ces quatre modèles a en effet une conception unique de l’être humain et utilise des méthodes ou stratégies différentes pour obtenir des changements en psychothérapie. Il est difficile de regrouper dans une même phrase la profondeur de ces quatre approches. Pour vous donner une illustration et de manière très schématique :
- Un psychothérapeute d’approche psychodynamique va mettre l’accent sur votre monde « intrapsychique » (ou monde interne) : en soulignant par exemple les répétitions entre votre passée sur votre vécu actuel ou en analysant les conflits entre différentes parties de vous ;
- Un psychothérapeute d’approche systémique va mettre l’accent sur les liens et les règles implicites qu’il existe entre vous et votre environnement direct (p. ex., la manière de communiquer entre différents membres de la famille) ;
- Un psychothérapeute d’approche humaniste va davantage se centrer sur votre croissance personnelle ou mettre la lumière sur ce qui se passe dans l’immédiat dans la rencontre avec vous ;
- Un psychothérapeute d’approche cognitivo-comportementale va explorer les liens entre vos croyances fondamentales, vos émotions et vos comportements ou utiliser des exercices pour vous faire passer à l’action en dehors des rencontres ;
La psychothérapie n’est pas caractérisée par l’unique utilisation « d’outils » mais le psychothérapeute pourrait en utiliser tout au long de la psychothérapie avec vous (p. ex., une technique de relaxation, d’exposition, l’association libre d’idée) en fonction de leur pertinence et de son modèle théorique.
Facteurs influençant la réussite de la psychothérapie
Il est extrêmement difficile de démontrer scientifiquement en psychothérapie qu’un modèle théorique est meilleur qu’un autre, car un nombre conséquent de facteurs interfèrent avec les changements significatifs (p. ex., événement de vie externe à la thérapie). Beaucoup de facteurs sont dits « non spécifiques » (c’est-à-dire qu’ils n’appartiennent pas à un modèle préétabli) et peuvent contribuer à la réussite d’une psychothérapie. Certains auteurs expliquent même que ces facteurs seraient les plus importants pour expliquer la réussite de la psychothérapie. Ils sont habituellement regroupés en trois catégories :
- Les caractéristiques du psychologue : p. ex., ses caractéristiques personnelles ou relationnelles;
- Les caractéristiques du client : p. ex., degré de motivation pour changer, les attentes face à la psychothérapie;
- La relation professionnelle qui unit le psychologue et son client : p. ex., s’entendre sur le cadre et les objectifs, le lien de confiance.
La psychothérapie se réalise généralement sur une base hebdomadaire, c’est-à-dire, une fois par semaine. La durée de la thérapie varie en fonction de vos objectifs à atteindre et de votre besoin, mais ne peut être fixée à l’avance. En effet, elle dépend, entre autres, de la nature du problème vous ayant amené à consulter ainsi que des objectifs que vous vous êtes fixés en accord avec votre psychologue. Il faut toutefois rappeler qu’effectuer des changements significatifs dans votre vie peut exiger du temps.
En résumé, même si l’exercice de la psychothérapie est règlementé par la Loi, il y a autant de styles de psychothérapeutes que de types de sirop d’érable au Québec ! Lors de la première consultation, n’hésitez pas à questionner votre psychologue et à être le plus transparent possible sur vos attentes et motivations dans votre psychothérapie. Ces éléments permettront au psychologue de mieux s’ajuster à vous et éventuellement, de vous recommander à un autre professionnel au besoin.
Références :
Chambon, O., & Marie-Cardine M. (2014). Les bases de la psychothérapie. Approche intégrative et éclectique. Paris, France : Dunod.
Desjardins, P. (2015). L’encadrement de la psychothérapie : un défi de la loi 21. Ordre des psychologues du Québec. Repéré à https://www.ordrepsy.qc.ca/-/l-encadrement-de-la-psychotherapie-un-defi-de-la-loi-21.
Lecomte, C., Savard, R., Drouin, M. S., & Guillon, V. (2004). Qui sont les psychothérapeutes efficaces ? Implications pour la formation en psychologie. Revue québécoise de psychologie, 25(3), 73-102.